Jehny Alina (terminée)

Raccoon city, on dit que le malheur s’y est abattu en 1998, mes frères et moi avions donc 9 ans à l’époque. Dit comme ça, ça me parait loin, mais je m’en souviens très bien pourtant.
Ma vie était alors très différente que celle d’aujourd’hui, néanmoins je me rends compte que mon caractère n’a pas vraiment changé, tout comme celui de mes deux frangins. Nous trois, des triplets qui se ressemblaient physiquement comme des gouttes d’eau (enfin, moi, j’avais le côté féminin en plus) mais qui ne pouvait être plus différents au niveau psychologique. Sam était « l’ainé », celui calme, sérieux, travaillant, intelligent (sa moyenne avoisinait généralement les 95 %, voire plus), indépendant mais protecteur qui recevait sans joie tous les lauriers. Valt, « le p’tit frère », plus naïf, sensible, joyeux, émotif et dépendant affectif dont les adultes avaient habitude d’ignorer. Et finalement, il y avait moi, Jehny. Les adultes ne m’ignoraient pas, mais parce que je leur tapais (avec un certain plaisir) sur les snerfs.
Mes parents avaient et ont beaucoup, mais vraiment beaucoup d’argent. P’pa travaillait chez Umbrella Corp. dans le temps et y possédait un poste important en tant que scientifique, nous avions l’une des plus belles maisons de la ville. Ma génitrice, elle, travaillait aussi là-bas mais y occupait un poste plus simple.
On avait une nounou car, si ma m’mam passait de temps en temps, p’pa brillait par son absence et comblait ce petit problème par des cadeaux qui me laissaient généralement de marbre. J’en avais rien à faire de cadeaux utiles, j’aurais voulu avoir une famille normale et ne pas voir mon « petit » frère triste parce qu’on le délaissait pendant que Sam essayait d’échapper à l’attention quasi-constante que lui valait sa condition de surdoué. Oh, et puis, je déteste ma mère, encore plus que je la détestais, ce qui est pas mal réciproque. Je sais qu’elle n’a jamais voulu avoir de fille à la base et, même si ça aurait été le cas, elle a un caractère de pétasse possessive, jalouse et manipulatrice (je sais qu’elle trompait p’pa) qui me donnait envie de vomir en passant que la moitié de mes jeunes provenaient d’elle.
Nos géniteurs nous en demandaient beaucoup pour notre âge. Nous avions toujours des professeurs privés (j’aimais bien l’école quand on était encore au public, là au moins les profs ne te regardent pas comme si tu étais rien de plus qu’un déchet dès que tu ne fais ce qu’ils attendent de toi) et multipliaient les cours où nous devions toujours performer. À ce moment, ça se résumait à la danse, la gymnastique, le piano, le chant et la natation avec un horaire qui me laissait respirer de temps en temps dans mon cas. Je précise que j’ai dû me battre pour obtenir la natation qui m’intéressait… pas mal plus que la danse en tout cas.
Bon, pour passer en 1998, j’avais vaguement entendu parler de cet incident dans la forêt mais elle ne m’a jamais attirée jusqu’à alors. Que voulez-vous, j’avais beau être une psychopathe précoce, j’avais quand même 9 ans et les complots d’adultes de ce genre ne m’intéressaient pas. Ils ne m’intéressent toujours pas en fait.
Ce qui n’empêcha pas que, par une belle journée (ou c’était peut-être nuageux… non attendez, je crois que c’est en pleine nuit. Oui c’est vrai, j’étais partie chiper des cookies pour Valt et moi et avait failli me faire prendre par la nounou à cause de ça), des voitures noires sont venues nous chercher pour nous faire partir. Des hommes dont la tête ne me revenait pas vraiment nous ont dit de prendre nos affaires et de les suivre. Nos parents nous faisaient évacuer parce qu’Umbrella prévoyait une catastrophe.
Si je me souviens bien, ils ont laissé la nounou là… erf.
Nous partîmes donc, tous les trois encore l’esprit un peu embrumé et curieux. On ne nous a jamais vraiment expliqué le pourquoi du comment, mais aucun d’entre nous n’a essayé de comprendre bien qu’aujourd’hui la réponse à nous interrogations vagues est presque aussi évidente que le nez au milieu de la figure. Sur le coup, on préférait ne pas savoir.
Bref, pour la quatrième fois dans notre existence, nous vîmes notre père (Bon OK, je n’avais jamais compté le nombre de fois où nous l’avons vu jusqu’à ce jour, mais ça me surprendrait si ça excédait 10, sincèrement). Visiblement nerveux, il nous expliqua rapidement que nous devions déménager et tout le tralala. Nous passâmes donc quelques mois (durant lesquels Raccoon city se fit détruire) dans une ville éloignée, toujours surveillés par une nounou dont je n’arrive même pas à me rappeler le visage aujourd’hui. Je me souviens juste qu’elle n’était pas aussi douée en cuisine que l’ancienne. Le seul plus durant cette période, c’est que vu l’incertitude de nos parents quant aux futurs événements, nos horaires furent allégées de cours variés et intéressant (je n’aime pas la danse, bon ! Répéter 46 fois le même foutu mouvement juste pour que ce soit joli, ça m’énerve !). Bien sûr, ce ne fut que pour un temps.
Pendant cinq autres années, nous continuâmes à vivre tous les trois ensemble (et encore une nouvelle nounou) dans une maison, soit pas aussi spacieuse et belle que l’ancienne, mais ce n’est pas comme si ça m’importait. Notre vie reprit un rythme (a)normal avec les cours et tout ce qui va avec. Je réussis à me débarrasser de la danse (yay !) et à conserver la natation (je fis même quelques compétitions, mais j’ai trouvé ça chiant alors j’ai continué juste pour le plaisir de la chose). J’avais toujours les cours de piano (j’aime beaucoup le piano en tant que tel, mais les cours…), de gymnastique (je « manquais » la moitié des cours), de chant (pareil) et on y ajouta les cours de théâtre (bon sang que je n’aime pas parler en public…). J’aurais bien aimé avoir des cours d’art martiaux ou de tir, mais c’était supposément Hors. De. Question. Alors j’ai dû faire sans. Quand on y pense, ça m’aurait été vachement utile en ce moment, merci p’pa. Tsk.
Quand Umbrella fut détruite, mes parents furent repêchés par une compagnie dans le même genre. Tricell je crois, ou un truc du genre.
Un peu avant nos 15 ans, il fut décidé que nous étions trop différents pour nos futurs et nos besoins concordent. Sam dû faire ses valises, p’pa et l’autre emmerdeuse le voyaient déjà à Harvard (bien sûr… ça leur ferait mal de lui demander son avis pour une fois ?), Valt dû rester et moi partir plus loin pour qu’on puisse faire quelque chose de mon cas. J’eus le droit à une tutrice privée (c’était supposé être un tuteur au départ, mais celui-ci avait des penchants pas très nets et avait compris, un bon coup de pied dans l’entre-jambe et une chaise en pleine figure l’avait fait comprendre qu’il valait mieux ne rien tenter avec moi alors il est parti en prétextant que j’étais invivable. Hihi.) et une bonne quantité d’argent chaque mois pour couvrir mes dépenses (je ne savais pas quoi en faire le trois-quart du temps mais bon, c’est toujours sympa avoir des réserves). Heureusement, tutrice alias nounou number 4 alias Caroline était quand même vachement sympa et me laissait faire ce que je veux. Le seul inconvénient dans cette vie où je savourais mon indépendance, c’était l’absence de mes frères. Heureusement que les téléphones et les ordinateurs font partie de nos existences. J’ignore ce qu’on aurait fait sans. À deux reprises on a réussi à organiser des réunions de famille (bon, plus de triplets vu que les deux géniteurs n’étaient pas invités). Pour le reste, rien à dire. La vie suivait calmement son cours.
On arrive maintenant au passage intéressant. Promis, je ne me plains plus jamais que ma vie est banale et ennuyeuse, j’aurais vraiment mieux fait de la fermer. Ces… choses sont à nos portes. Raccoon city est en train de se reproduire sous mes yeux, et je refuse de finir comme tous ceux qui n’en sont pas revenus pour raconter leur histoire. Je suis seule, mais bien décidée à survivre quoi qu’il arrive.